octobre 28, 2009

Perdue attachée

Gare de Colombes. Les enfants s'agitent et lui demandent de choisir son dessin préféré, elle en élit trois. Je regarde mes ongles dont le vernis rouge se fait la malle. Il est temps de s'en débarrasser, et j'en ai assez. J'ai le coeur au bord des lèvres ; un détail, des broutilles, qui mis bout à bout forment une jolie chaîne de métal, de plus en plus lourde, de plus en plus longue. Je résiste, je la tire à mains nues, j'en ai connu d'autres, je m'en fait un sautoir, un peu brut, c'est tendance. Le métal rouillé grince, les maillons sont trop lourds, trop nombreux. Je la repose au sol. Que pourrais-je inventer encore pour voir la vie autrement qu'une succession de jours et de déconvenues ? Des projets, il me faut des projets. Un seul suffira peut-être. Je regarde ma chaîne, elle n'est plus si tendance, elle n'est plus que rouille. Une longue laisse rouillée devenue inutile et encombrante. il va falloir vous en séparer madame, mais rassurez-vous, vous ne sentiez rien. Je sais que c'est faux. Mais je veux croire que ça ira mieux après. Je saisis les anneaux, mes mains sont pleines de rouille ocre, je les frotte et je barbouille les apparences, la nuit n'est plus si noire. Recouverte de poussière terracota, ses ombres sont moins effrayantes et je me dis que je pourrais l'aimer ainsi.
Gare de chez moi, je descends du train, je pose le pied à terre, la chaîne grince, elle me mord la peau mais me rassure, je lui suis reconnaissante de me tenir mais je sais qu'elle me retient. J'aimerais la briser mais elle me serre, je rêve de l'ôter mais elle elle me sert. Je ne suis pas prête, pas encore, il faut attendre.
J'avance, le sol est là, la nuit, l'envie aussi, la peur, toujours. Mais moins.




Edit du 29/10 à 12:25
C'est dur, ce post, mais c'est surtout très imagé. Ne vous sentez pas obligés de dire quelque chose, ça va mieux que ça en a l'air.


Je suis juste en pleine période de doutes pro. Ce n'est pas plus grave que ça.

octobre 20, 2009

ce matin là

Ce matin-là, les yeux encore clos sur votre rêve de la nuit, vous vous réjouissez de cette journée qui s'annonce à peine.
Sans raison précise.
Peut-être est-ce ce rêve dont vous n'avez que quelques images diffuses.
Vous ne ressentez pas de fatigue, vous sentez que vous avez besoin de vous étirer, d'inspirer et de concevoir un ou deux projets emballant pour la journée qui vient.

Ce matin là, même une critique, même un reproche ne vous feront rien.
Rien.
Ils restent à ceux qui les ont formulés. Vous en tenez compte, mais ils ne vous pourrissent pas l'esprit.

Ce matin-là, le ciel est haut, coloré, sublime. Le soleil envoie du rose fuchsia, les nuages tirent le rideau et la lumière qui monte éclaire les immeubles avec une force troublante.

Dans le train, les sourires font des ricochets sur les visages ; dans votre tête le rythme est donné et ça danse. Dans votre poitrine, votre cœur bondit comme quand vous aviez sept ans et que c'était le jour de votre anniversaire.

Pourtant ce matin-là est comme tous les autres matins. Rigoureusement.
Vous le savez, vous avez couru pour arriver à l'école à l'heure, le train est bondé, c'est la grève. C'est certain, c'est un jour qui commence comme les autres.

Mais aujourd'hui, c'est comme ça : c'est un jour qui commence, et vous en avez conscience.

octobre 16, 2009

Entrée dans l'hiver, quels sont les signes ?

Le réveil s'allume, brille, brille, il peut faire ce qu'il veut, je suis dans les limbes.

J'émerge de la chaleur moelleuse de ma couette, je constate que la robe de chambre polaire, si elle n'est pas de mon âge, a ses avantages.

L'évocation de la robe de chambre en polaire me donne des frissons. A moins que ce ne soit la température de la pièce. Y'a une fenêtre ouverte ou quoi ?

Dehors, le ciel est sombre, quel temps ! Ah non, tiens, en fait, il fait encore nuit.
Je chausse mes lunettes.

Après ma douche chaude, je prends une douche glacée*, en priant que le sang dans mes veines se réchauffe avant que je mette un pied dehors.

J'enfile un manteau. Je me trouve boudinée. C'est à cause des trois pulls qui sont dessous.

Je mange toute la journée. Surtout des pommes et des fruits secs**, c'est bon pour le magnésium à l'entrée dans l'hiver.

A 11h, j'en suis à mon troisième thé brûlant. J'ai remarqué qu'à l'agence, il fait plus chaud dans les toilettes. Surtout celles de gauche.
J'envoie un mail. Il m'a fallu 23 minutes pour le taper, mes doigts gourds n'en font qu'à leur tête.

A midi on ne sort pas déjeuner. Le froid interne est si intense que le vrai froid du dehors pourrait nous tuer.
Le ciel est blanc, il va neiger.
Nous mangeons des sushis trempés dans la soupe miso pour les réchauffer.

A 16h le jour commence à décliner. J'allume ma petite lampe pour me réchauffer. Je vois ma bonne grand-mère me dire que je tue le jour. Call me la petite marchande d'allumettes.

A la 16e tasse, je remplace le café par de la tisane. Le froid m'oblige à bouger, chanter, danser pour ne pas céder au 16° qui règnent dans les bureaux.
Mes co-bureaulateurs me supplient de passer aux plantes pour leur laisser 15 minutes de calme.

A 18h j'envisage de rentrer chez moi, mais j'ai un dîner copines ce soir. Je reste seule, avec ma petite lampe, et je regarde le soir tomber.
Il est 19h, je brave le noir, la solitude et le froid pour rejoindre mes amies.
Le soir, je note de ne plus porter que des bottes. Les converses c'est mode, c'est sport et confortable, tout ce qu'on veut, mais la demi-heure d'attente dans la rue pour le meilleur Jap de la rue Sainte-Anne achève de me convaincre que l'hiver sera cuir. Ou sera froid.


* Non, je ne suis pas folle. En revanche oui, je suis un être très courageux. Je vous esspliquerai un jour pourquoi je fais ça.
** Oui, je suis une sale menteuse. Je mange surtout du chocolat et des gâteaux. Au chocolat.

octobre 15, 2009

Les contours flous de la mi-saison

Période de transition, la mi-saison donne un sentiment de répit bienvenu.

Je trouve cette mi-temps saisonnière assez réjouissante et tous les ans, je souris en constatant que les collants en laine/bottes côtoient les pieds nus pendant quelques jours, quelques semaines, c'est selon.
Tout le monde cherche ses marques et finit par s'accorder dans un bel ensemble de manteaux en laine noire pour l'hiver, et de robes légères fleuries pour l'été.

Avez-vous remarqué que la mi-saison survient toujours juste à temps ? Juste avant qu'il ne fasse trop chaud, ou quand on en peut plus de cet hiver qui n'en finit pas ?

Vous n'êtes pas d'accord ? Je peux comprendre. L'été est toujours trop court, alors que l'hiver, lui, n'a que trop duré.

Aujourd'hui, fin des contours flous de la mi-saison et entrée de plein fouet dans l'hiver.

Là d'où je viens, il fait 1° ce matin. Et j'aime que l'hiver se pointe, lui et ses promesses.

Le ciel est bleu franc, le soleil va se la donner... C'est quoi, vos projets pour cet hiver ?

Et vos doudous ? Oh allez, je suis sûre que vous avez tous un chapeau, une écharpe, qui vous tient chaud dans la traversée ardue de l'hiver.
Moi, c'est une chapka en poils de lapin, donc trèèès douce, et encore plus chaude.

Et mon projet, ben... pour le moment, j'en mitonne un ou deux, mais ça prend à peine forme, alors je peux difficilement en dire plus...
Par contre, si vous avez des lectures et des films à me conseiller sur le Paris des années 50, et sur la guerre d'Algérie, je prends !

Allez, couvrez-vous bien et dansez la vie, chantez la vie, dites merci à la vie !



octobre 13, 2009

Gla

Je dis souvent que j'ai toujours rêvé d'aller en Islande.
Ou en Finlande.
Ou au Danemark.

Aujourd'hui j'ai tellement froid que je n'arrive même pas à le penser.

octobre 03, 2009

Les chemins de l'écriture

Le temps est venu de reprendre le chemin de l'atelier d'écriture.
Mon cahier et mes stylos sont prêts. Moi... je me prépare.

J'ai longtemps hésité. J'aurais aimé m'affranchir de l'atelier, mais écrire demande de renoncer à beaucoup de choses. Le temps d'écrire est long, et se vole quand on travaille à plein temps. Il se vole au sommeil, aux enfants, au mari, aux amis, au sport, à la culture, à la lecture... Certains disent trouver un plaisir inoui dans l'écriture, au point de n'avoir aucun souci à l'imposer à son entourage. J'ai plus de scrupules.
Cette année je "vole" ce temps à mon boulot, même si le terme est très mal choisi puisque je paie ce temps que je ne passerai pas à travailler.

J'imagine les participants de l'atelier, j'imagine le groupe. J'ai un peu les jetons de les rencontrer, de leur jugement. Pas évident de s'apprivoiser, de lire ce qu'on a écrit.

La nouveauté c'est aussi que nous travaillerons sur un seul projet cette année. Je vais découvrir l'endurance, alors que je suis habituée aux textes courts. C'est bien, il est temps.

Une idée a germé, mais c'est un sujet costaud. Et peut-être qu'en commençant à écrire je partirai sur tout autre chose, ce sera la surprise.

Je n'ai pas écrit depuis que je suis rentrée de vacances, j'ai l'impression que je ne sais plus le faire.
Heureusement, l'écriture c'est comme le vélo... J'ai hâte de retrouver le chemin.


octobre 01, 2009

Mon activité rémunérée

Depuis dix ans, j'exerce une activité rémunérée dans le domaine de la communication.
Depuis 9 ans 1/2 je trouve que je n'apprends plus autant qu'en fac et cela me désespère.
Depuis huit ans, je me demande si je suis vraiment "faite pour ça". Même si je suis persuadée qu'il y a plusieurs façons d'exercer un même métier (j'ai tenté plusieurs fois d'aborder mon activité rémunérée avec plus de hauteur, plus de recul, plus d'humour, plus de cynisme, plus de sérieux même, sisi. Il faut croire que la nature reprend (trop vite) ses droits. )
Depuis huit mois, je travaille pour une cliente très cliente, comme disait un ami à moi.
Pas une hystérique, pas une méchante, mais une névrosée. Une accro au "plus parfait possible" et au mail qui vous gifle. Mais ai-je vraiment envie de parler d'elle ?

Depuis que je sais que je ne suis pas à l'aise dans ce milieu parce que je ne l'aime pas, et que je n'ai pas envie d'y réussir, je ne cherche plus de mauvaise excuse.
Je n'aime plus ce que je fais. Les compensations que j'y ai trouvé ne me suffisent plus.
J'y passe trop de temps. Ma névrosée me bouffe la rate et j'ai développé une maladie psychosomatique quand j'ai hérité de ce budget. Moi qui étais persuadée que jamais la maladie psychotruc ne passerait par moi.
Mais il n'y a pas qu'elle. Il y a aussi l'ex-collègue, passée chez le client. Qui a pris le pli tellement vite, et me rappelle fréquemment comment elle est passée de l'autre côté, elle. ça me laisse perplexe.
Et puis il y a aussi ce gentil client, qui me fait confiance, qui m'apprécie, et avec lequel j'ai des relations normales, thanks God, ça existe ! Merci à lui.

Mes clientes ne sont que des clientes, ce métier n'est qu'une activité rémunérée, et là je remercie l'adorable personne qui a mis les mots justes sur ce que j'envisageais comme "mon métier", ou "ma carrière", dans mes moments de folle exaltation.
Oui, c'est mon métier, malgré tout. Mais je ne suis pas tatouée.
Rien ne m'empêche d'aller goûter à d'autres milieux.
D'aller exercer une autre activité rémunérée. Ailleurs. Avec d'autres clients. Ou pas. Qui seront peut-être aussi très clients. Ou pas.
Rien ne m'empêche de chercher à vivre autre chose. Bon, à part la trouille.

Aujourd'hui, celle-dont-je-ne-veux-pas-parler m'a essorée.
J'ai été calme, j'ai expliqué, j'ai perdu un temps fou à être disponible pour elle. Pendant ce temps, le budget du gentil client n'a pas avancé d'un iota. Et le sien pas beaucoup plus. Elle se prend pour Don Quichotte, brasse de l'air pour faire avancer, m'envoie des mails pour faire diversion.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Je suis encore devant la porte fermée.
A ne pas oser regarder par le trou de la serrure.
J'ai une trouille d'enfer.
J'essaie de sortir de la paralysie qu'elle provoque, pour oser construire autre chose.
Regarder par le trou de la serrure.
Essayer d'envisager la vie autrement.
Avec plus de plaisir. Il n'est pas interdit de se faire plaisir dans son boulot, si ?